Les indiens d'Argentine

Le métissage fait partie de notre quotidien. Tout voyageur débarquant en Amérique du Sud et plus particulièrement en Argentine ne pourrait donc être surpris par la population bigarrée qui y vit.S'il prête un tant soit peu attention aux visages qu'il croisera, outre la diversité, il sera rapidement frappé par les traits mongoloïdes de beaucoup de ces hommes et femmes. Avec un peu de curiosité, il apprendra que leurs ailleuls, venus des steppes d'Asie du Nord ont profité des glaces qui avaient envahi l'actuel détroit de Bering, il y a 35000 ans, pour poser le pied sur le continent américain, qu'ils ont par la suite longé la Cordillère, du Nord au Sud et se sont établis de part et d'autres jusqu'à la pointe extrême de la Terre de Feu. Si certains groupes n'ont que peu évolué au fil des millénaires, d'autres, ont bâti des civilisations brillantes.Les terres qui s'étendent sur les actuels états du Chili et de l'Argentine n'ont pas vu s'y développer ce type de civilisations. Les tribus établies au nord, près de la frontière bolivienne, vassales de l'Inca ont pu profiter, juste avant l'arrivée des Conquistadores, de son génie bâtisseur. D'autres, plus au sud, en Patagonie notamment, sont devenue de véritables peuples : c'est le cas des Araucans (ou Mapuches).

Aucune étude sérieuse ne s'arrêterait à cette simple constatation. Sans la prétention de vouloir être complet, nous voulons juste essayer de n'oublier aucune des tribus qui ont peuplé ces terres, tribus disparues, tribus disséminées dans les grandes forêts tropicales, tribus
diluées dans la foule des grandes villes, tribus perdues sur les rives des grands déserts de sel.
Les indiens de la Pampa (centre) :
Sans originalité, le nom donné par les "Conquistadores" aux peuplades vivant dans la "grande prairie" fut celui de "Pampas". Jusqu'au XVIIIe siècle, il était toutefois possible de distinguer plusieurs tribus : les Caquanes, les Guazunambis ou les Querandis. Ce fut cette dernière qui massacra vraisemblablement l'expédition de Juan Diaz de Solis. Les Araucans (ou Mapuches), venus de Patagonie pénétrèrent progressivement à partir du milieu du XIXe siècle sur les terres de ces tribus et provoquèrent bien involontairement leur dilution puis leur extinction.

Les indiens de Mésopotamie (Nord):

Plusieurs groupes ethniques s'étaient installés sur les bords du fleuve Parana. Excellents rameurs et pécheurs, ils n'ont laissés que peu de traces, malgré les récits de Sébastien Cabot. Dans l'actuelle province de Misiones, vivaient les Guayanas, aux yeux bleus et à la peau blanche. Agriculteurs, ils faisaient partie avec les guaranis du groupe linguistique tupi-guarani. Décrits comme cruels dans les récits des conquistadores, les guaranis étaient composés de différents niveaux de civilisation : les Carios agriculteurs, les Agaces, pirates des rivières. Rendus célèbres par le film "Mission" de Roland Joffé, ils constituent aujourd'hui la majorité de la population paragueyenne.

Les indiens du Cuyo (Est-Mendoza) :

Aux pieds des Andes à la hauteur de Mendoza et jusqu'à l'ouest de Cordoba, s'étaient installés les indiens Huarpes, répartis en plusieurs groupes ethniques dont les Allientiacs et les Millcayacs. Vivant de la chasse des Guanacos et des Vigognes, ils ont été décrit par Alonso de Ovalle (Théologien et scientifique chilien, 1603-1651) comme pacifiques.Les indiens des Sierras (Centre-Cordoba) :
Dans cette région s'étaient établis les Comechingones. Leur langue propre a aujourd'hui disparu. Ils étaient pour la plupart barbus et vivaient dans des habitations troglodytiques. Ils cotoyaient un autre groupe, les Sanarivonas, agriculteurs et éleveurs. Les Sierras de la Rioja et de Catamarca étaient habitées par les Capayanes et les Cacanos.

Les indiens du Chaco (Nord-Paraguay) :

Selon les écrits d'un jésuite allemand, Florian Paucke (1719-1780), ces régions étaient occupées par les Mocobis, réputés agressifs. A tel point qu'il fallu refonder la ville de Santa Fe en un autre endroit. Ils parlaient le Pilaga et le Toba, encore utilisé de nos jours dans la région de Résistencia. Dans l'ouest de cette province, vivaient les Tonocotes, habiles potiers et tisseurs et les Matacos, installés de nos jours encore le long du Pilcomayo, dans la forêt entre la Bolivie, le Paraguay et l'Argentine. Bien entendu cette région était aussi le fief des indiens guaranis, dont la langue est devenue la langue officielle du Paraguay.
Les indiens du Noroeste (Salta):
Au moment de la Conquista, vivaient dans cette région des tribus Omaguacas, dont la langue était l'Aymara. Vassaux des Incas, guerriers, ils avaient pris l'ascendant sur de nombreux peuples qui leur étaient soumis. Ils connaissaient les techniques de la céramique, de la vannerie, du tissage, de l'irrigation (acequias), et batissaient des fortins dont il reste encore des traces. Plus au sud, l'on pouvait trouver les Diaguitas, divisés en plusieurs tribus, qui furent de retoutables adversaires des conquistadores. Interdites par les Espagnoles pendant plusieurs siècles, les langues pratiquées par ces peuplades renaissent : notamment le Quechua et l'Aymara.

Les indiens de Patagonie (Sud):
L'isolement et l'immensité des terres de Patagonie ont permis aux indiens qui les peuplaient de connaître un essor démographique sans nul autre pareil. Le peuple Mapuche (auquel les Espagnols donnèrent le nom d'Araucan), parmi lesquels il fallait inclure les Tehuelches, compta jusqu'à 500000 âmes jusqu'à ce que les colons ne les délogent au XIXe siecle. Leur migration vers le Nord provoca la disparition d'autres groupes établis notamment dans la Pampa. Les Mapuches ne sont plus que 50000 de nos jours, et vivent essentiellement au Sud du Chili.

Les indiens de Terre de Feu :
Déjà peuplée 10000 ans av. JC, la Terre de Feu était habitée par 4 groupes : les Onas au Nord, les Haush dans l'Est de la grande ile, les Alakalufs dans la partie chilienne et les Yamanas le long du canal Beagle. Vivant de la pêche essentiellement, Onas et Yamanas ont aujourd'hui totalement disparu. Ne subsiste des derniers que le souvenir de leur langue, grace au travail du Pasteur Thomas Bridge.

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