- camp 2 (5600m) et camp 3 (6000m dit "colera") - variante de la voie des Polonais
Les journées ont passé : ils ne savent plus très bien depuis combien de temps ils sont partis. Ils sont arrivés au camp 2 la veille au soir, dans une tempête de neige. Un des guides les avait précédés pour monter dans l'urgence une tente afin qu'ils puissent s'y réfugier rapidement. Cette fois, ils avaient eu peur. Exténués, le visage piqué par le grésil, le bout des doigts déjà douloureux, essuyant leur masque couvert de neige, titubant de fatigue, ils avaient cherché la tente des minutes qui leur avaient paru une éternité. Ils se voyaient déjà geler sur place. Quand le guide était apparu à quelques mètres d'eux, ils avaient su qu'ils pourraient mettre fin à ce cauchemar. Tous blottis les uns contre les autres, il leur avait fallu plusieurs heures avant de sentir de nouveau le sang circuler au bout de leurs doigts. La montagne avait pris une autre dimension, qu'aucun d'entre eux avec sa faible expérience ne connaissait. Le matin suivant, le ciel est limpide et ils peuvent voir le Glacier des Polonais au dessus d'eux. Ils savent qu'ils ne peuvent plus reculer. Il n'y a pas d'autre alternative que rester dans la tente pour reprendre des forces ou continuer à monter. Ils choisissent de reprendre la progression, sans respecter la journée de repos, malgré leurs muscles tétanisés, malgré leur état de fatigue, malgré la charge de 20 kilos qu'ils ont à porter. Certains commencent déjà à compter les jours qui les séparent d'un lit et d'une douche.Au camp 3, à 6000m environ, ils attendent une journée, puis une deuxième que les rafales de vent glacé qui se succèdent toutes les minutes s'arrêtent pour qu'ils puissent tenter l'ascension du sommet. Mais la montagne en décide autrement. Le vent redouble de violence dans la nuit qui suit, les transformant en pantins désarticulés dans leurs tentes qui ne peuvent plus les abriter. Alors les guides prennent l'unique décision qu'il faut prendre : descendre...(à suivre)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire