- camp de base (4200m à Plaza Argentina) et camp 1 (4900m) - face Est
Au bout de 3 jours de marche et 2 nuits de sommeil aléatoire, ils atteignent le camp de base. Les moins préparés, les habitués des verts pâturages alpestres ou les touristes abandonnent. Ceux qui restent, sentent dans leurs muscles les 2000 mètres déjà gravis. Ils pensent avoir accomplis le plus dur mais les jours qui viennent le seront davantage. Ils ne le savent pas encore...
Un cirque glaciaire, presque lunaire les entoure. L'ombre de l'Aconcagua glisse lentement sur le camp (*). Tous rentrent à l'intérieur des tentes car dehors le froid de la nuit n'est pas supportable. Chacun prend le rythme du camp. Ils vont y passer 3 jours pour se reposer et s'acclimater.
La neige tombe durant la nuit. Le lendemain est un jour de repos et chacun au fond de sa tente tue le temps qui passe, lentement, essayant d'oublier le vent qui fait claquer la toile. L'un remplit frénétiquement les pages d'un journal de bord, l'autre évite de terminer rapidement l'unique livre qu'il a emporté pour ne pas se retrouver seul avec de sinistres pensées.Dans cet endroit ou plus aucune blessure ne cicatrise, il y a pire que la souffrance physique des journée d'ascension : il y a ce sentiment d'oppression, né des minutes qui paraissent des heures, enfermé dans cette prison dont le vent et le froid sont les miradors, à sentir des odeurs chaque jour plus nauséabondes émanées de son corps. A moins que ce ne soit de celui de son voisin.Pour éviter les symptomes de "l'apunamiento" (maux de tête, nausées, vertiges,...), ils doivent boire, boire sans cesse : 3 litres au moins par jour et pisser autant. Pour pisser, il leur faut enfiler 2 voire 3 épaisseurs de vêtements, se chausser : des minutes d'effort et autant en revenant pour se dévêtir.
Alors ils pissent dans la tente, dans un flacon et vont dehors pour les grosses commissions, qu'ils font dans un sac plastique. Ils devront transporter leurs excréments. Aucun déchet ne doit être abandonné sur l'Aconcagua : même pas ceux-là. Beaucoup ignorent ces détails scatologiques avant de partir. Et pourtant ils deviennent au fil des jours qui passent, une préoccupation lancinante, plus difficile à supporter par ceux qui ont au départ une haute opinion d'eux-mêmes ...(à suivre)
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