Le chemin de Nicolàs Mascardi


- Lago Nahuel Huapi, depuis la Ruta 231 et le bord du "Modesta Victoria"

Cela faisait 22 ans que le Père Nicolàs Mascardi avait quitté le Vieux Continent. Il n'y était jamais retourné.
Né à Rome en 1625, de famille noble, il avait choisi les ordres et avait intégré, très jeune, la Compagnie de Jésus. Depuis la découverte du Nouveau Monde, de nombreux Jésuites avaient accompagné les Conquistadores, et toute la Cordillère, du Nord au Sud, était maintenant jalonnée des missions qu'ils avaient fondées.

Le jeune novice avait pris connaissance des écrits du Père Diego de Rosales, arrivé au Chili en 1629. L'auteur de "l'Histoire générale du Royaume du Chili" avait, sans le savoir, traçé la route que Nicolàs voudrait suivre toute sa vie.

Un beau jour de 1651, le navire sur lequel il s'était embarqué quelques mois plus tôt, abordait les côtes chiliennes. Nicolàs n'avait pas caché qu'il préférait l'évangélisation à l'enseignement. C'est ce qu'il avait fait savoir, avec insistance, à ses supérieurs. Ceux-ci exaucèrent son vœux en l’envoyant en mission à Buena Esperanza, tout proche de la ville de Chillán.
À peine arrivé, Nicolàs comprit que le Seigneur l’attendrait sur un autre chemin. La révolte des tribus locales et la peste qui s'était abattu au même moment sur Chillán le guidèrent en effet vers les victimes, auxquelles il se dévoua sans compter des années durant. Le tremblement de terre de Concepción en 1667 finit de paver de souffrances cette voie que le Seigneur avait voulu qu'il suive.

Pour le soulager de ses épreuves, les Pères crurent alors bon de le nommer Supérieur du Collège de Chiloé, l’éloignant encore et toujours de ce chemin qu’il avait rêver d’emprunter. Il était cependant écrit que Nicolàs Mascardi finirait un jour par croiser sa destinée...
Ce fut ce jour où il s’émut de ce groupe d’indiens que les soldats avaient ramenès à Castro, pieds et poings liés d’une expédition punitive. Ils appartenaient à une tribu dont on disait qu'elle vivait sur les rives d'un grand lac de l'autre côté de la Cordillère.
Nicolàs avait aussitôt pris leur défense et n’avait eu de cesse de demander leur libération auprès du Gouverneur de la Province. Il l’obtint au bout de 4 années mais dut abandonner sa charge et raccompagner les prisonniers vers leur terre.

C’est au bout de la route qu’il le découvrit, grand comme un océan, aux eaux froides et profondément bleues : le Nahuel Huapi. Le lac du Jaguar tel que l’avait nommé les habitants de ses rives : Pehuenches, Puelches et Poyas.
En 1773, il en avait découvert toutes les îles et toutes les rîves. Il avait fait ériger une petite église sur la péninsule que les indiens appelait Huemul. Quelques barraques l’entouraient. Là était le rêve de Nicolàs Mascardi. Là était sa mission, Nuestra Señora del Nahuel Huapi. 
Là fut aussi le bout de son chemin. Nicolàs Mascardi fut assassiné par ceux dont il avait voulu sauver l’âme. Ayant peut-être commis le "péché" d'avoir oublié de les éduquer avant...


- Nicolàs Mascardi (né à Rome en 1625, mort en Patagonie en 1673). Un vitrail de la cathédrale de San Carlos de Bariloche, capitale de la Province de Rio Negro, représente son martyre. Il est vraisemblable qu'il a été tué des Pehuelches rivaux des Poyas chez lesquels il s'était établi.



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