Ferrocarriles Argentinos, à la recherche du temps perdu (Carboni)

- Antonio Carboni, pdo de Lobos

En juillet 2006, l'état argentin lançait un appel d'offre auprès de différentes entreprises européennes, dont la française Alstom, pour la réalisation d'une ligne à grande vitesse entre Buenos Aires et Rosario.Ce sursaut signifie-t'il que les politiques de ce pays prennent enfin conscience de l'importance du train dans un pays ou l'avion et le bus l'ont supplanté depuis longtemps? Suffira-t'il pour rattraper le temps perdu?Tout avait pourtant très bien commencé. Le 30 août 1857, 32 ans seulement après la mise en service de la première ligne ferroviaire du monde en Angleterre, l'Argentine inaugurait la ligne Buenos Aires- Floresta (10 kms). En 1880, elle comptait 2500 Kms de voies, 28000 en 1910, 40000 en 1930 et se plaçait alors au 3e rang du continent américain derrière les Etats-unis et le Canada, détenant 43 % du réseau ferroviaire d'Amérique du sud.Paradoxalement, c'est cette frénésie constructrice qui précipita le déclin du train. Les sociétés Britanniques, Françaises ou Américaines, auxquelles avaient été attribuées différentes concessions, engagées dans une concurrence effrénée ne se concertèrent ainsi jamais pour mettre en place un réseau homogène quant à la largeur des voies.
À cela s'ajouta le désintérêt des politiques au sortir de la 2e guerre mondiale. Le matériel roulant devint de plus en plus vétuste et le réseau tomba en jachère. La nationalisation des chemins de fer argentins en 1965, se solda par un déficit chronique représentant plus de 1% du PIB. À la fin des années 80, 55% des voies étaient quasiment inutilisables.En 1991, la décision contraire fut prise, mais force est de constater que la privatisation n'améliora guère l'état du réseau ni celui du matériel. Certaines portions sont aujourd'hui encore dans un tel état (y compris dans la Capitale), qu'elles obligent les trains à rouler au pas pour éviter que le ballast ne s'affaisse ou qu'un pont ne s'effondre. Etrangement cependant, le service continue, régulier, ponctuel quand il le peut, jusqu'à la dernière gare du dernier "pueblo" de la Pampa, désaffectée depuis longtemps...

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