Le train des nuages

- Viaduc de la Polvorilla, San Antonio de Los Cobres (4220 m)

La portion C-14 de la ligne de chemin de fer General Manuel Belgrano fut inaugurée en grande pompe par Juan Pistarini, ministre des Travaux Publics de Perón, le 20 février 1948.Les premières études avaient été menées 50 ans plus tôt. Le projet visait à desservir les villages du sud de la Puna. La première section construite n'allait cependant pas au delà de Rosario de Lerma (1332m).
Tout restait à faire d'autant plus que les ingénieurs tergiversaient entre deux itinéraires possibles, la "Quebrada de humahuaca" et la "Quebrada del Toro" et que les politiciens se battaient pour savoir à qui la concession serait attribuée : à une société anglaise ou aux "Ferrocarriles del Estado".
Il fallu toute l'énergie et la volonté du Président Hipolito Yrigoyen, élu en 1916 pour faire sortir le projet de l'enlisement bureaucratique. Les travaux débutèrent en 1921 sous la direction d'un ingénieur américain, Richard Maury.
Une main d'oeuvre importante, locale et étrangère (1), fut recrutée. Les travaux avancèrent rapidement. En 1924, Puerta de Tastil (à 2675 m) était atteinte.
Un coup d'état contre le Président Irigoyen, en 1930 vint bloquer les travaux qui restèrent paralysés pendant près de 6 ans. Juste avant d'être expulsé par les militaires, Maury avait toutefois pu superviser la construction de l'oeuvre majeure de ce chantier : le viaduc de la Polvorilla.
Toute la difficulté résidait dans l'acheminement à 4220 m d'altitude, de 1600 tonnes de matériaux, essentiellement des poutrelles métalliques, nécessaire à la construction de cette structure de 224 mètres de long et 70 mètres de haut.
Le terminus de la ligne fut atteint le 17 janvier 1948 et c'est finalement au col de Socompa que la jonction avec les rails chiliens put s'opérer. En 1971, il fut décidé qu'un train touristique pourrait circuler sur la ligne entre Salta et le kilomètre 1350. Le train 809 (et 810 au retour) porterait le nom poétique de "train des nuages"...

(1) anecdote étonnante : l'un des contremaîtres du chantier était un immigrant yougoslave inconnu, Josip Broz. Nul ne savait, même pas lui, qu'il serait quelques années plus tard l'homme le plus puissant de son pays natal et passerait à la postérité en tant que "Maréchal Tito".

1 commentaire:

Bételgeuse a dit…

Très belles photos comme toujours, Vincent. je crois vraiment qu'il faut que tu tentes d'en faire un livre.