1 - Puna, immensité de solitude

- Ruta 52, entre Purmamarca et Susques (3700 m)

La route vient d'être asphaltée. Elle a toujours été là. Mais les convois de camions qui vont au Chili ne soulèvent plus de poussière. Ils passent simplement plus vite, en faisant plus de bruit.
Lui est habitué au silence et au vent. Indifférent, il ramène son maigre troupeau parti là où poussent quelques herbes à l'ombre des rares "queñoas" (1) et "churquis" (2).
Au loin, la saline envahit l'horizon. Ses flux et reflux laissent des sables mouvants et quelques talus de "tolas"(3). Il ne veut plus aller y travailler. Combien y ont perdu la vue et leur plus belles années pour quelques pesos la tonne de sel ?
Il préfère monter dans le Nord faire la "zafra", la récolte du sucre dans les plantations de cannes du côté de Ramal. Ce n'est pas mieux payé. Ce n'est pas moins dur. Mais ça lui laisse le temps de s'occuper de sa ferme, de ses animaux et de son potager au retour, pendant les mois d'été, entre novembre et avril. Parce qu'il n'est pas question que lui reste à La Quiaca, à Abra Pampa ou à Iturbe comme tous les autres. La ville lui fait peur et il préfère revoir les siens. Qu'a t'il besoin de plus?

(1) arbre de la famille des rosacées pouvant mesurer jusqu'4 mètres,
(2) petit conifère de type alpestre,
(3) arbustes noirâtres d'un mètre de hauteur qui recouvrent l'altiplano, pouvant servir de combustible pour se chauffer au même titre que la "yaruta", une mousse que l'on trouve un peu plus haut.

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